Prie pour tous ceux qu'il aime.

Jim était loin d'être très croyant, mais il avait besoin de parler à quelqu'un dont il était sûr qu'il ne répéterait pas ce qu'il dirait à quelqu'un d'autre. Et il avait besoin d'être pardonné par quelqu'un qui pouvait peut-être l'aider. Il entra dans la chapelle, escorté par un gardien. Ce dernier alla rejoindre d'autres gardien, tandis que le jeune rockeur alla s'asseoir près de l'estrade où le curé déclamait des paraboles bibliques. Jim ne les écouta qu'à moitié, il priait pour tout ceux qu'il aimait, Cassie, son groupe, Valentina, Jinny, ceux qui l'avaient soutenu dans les pires moments de sa vie, ceux qu'il avait laissé tomber. Il rappela de tous les bons moments qu'il avait eus avec les gars de son groupe, avec Cassie. Puis, il ajouta à sa petite prière silencieuse:
"Seigneur, je sais bien que je ne mérite aucun traitement de faveur, à cause du mal que j'ai fait autour de moi. C'est pourquoi je ne vous demande rien pour moi, mais je vous en implore, si je dois mourir avant d'être sorti d'ici, veillez sur ma soeur et sur mes amis. Eux, ils n'ont rien fait de mal. Je vous supplie, Seigneur. Ne leur faîtes pas payer les erreurs que j'ai commises, s'il vous plaît. Je sais que je ne suis pas digne de revendiquer quoi que ce soit. Je ne suis qu'un minable et j'en ai conscience. Mais, ma soeur et mes amis méritent une belle vie."
Quand il eut fini, le curé était en train de déclamer une parabole qui intéressa énormément Jim. Celle du pharisien et du collecteur d'impôts:
"Jésus dit la parabole suivante à l'intention de ceux qui se croyaient justes aux yeux de Dieu et méprisaient les autres : « Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l'un était Pharisien, l'autre collecteur d'impôts. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même u : «O Dieu, je te remercie de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont voleurs, mauvais et adultères ; je te remercie de ce que je ne suis pas comme ce collecteur d'impôts. Je jeûne deux jours par semaine et je te donne le dixième de tous mes revenus.» Le collecteur d'impôts, lui, se tenait à distance et n'osait pas même lever les yeux vers le ciel, mais il se frappait la poitrine et disait : «O Dieu, aie pitié de moi, qui suis un pécheur.» Je vous le dis, ajouta Jésus, cet homme était en règle avec Dieu v quand il retourna chez lui, mais pas le Pharisien. En effet, quiconque s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé. »"
Tout à coup, quelqu'un s'assit à côté de Jim.

[si tu n'y vois pas d'inconvénient je veux bien te rejoindre^^]

Lincoln avait enfin eu droit de sortir pour assister à la messe. C'était d'ailleurs l'un des seuls moments qu'il pouvait passer hors de sa cellule grise et froide, l'autre étant lors des pauses dans la cour. Mais quelle cour ! Burrows y était encore une fois isolé, sans aucune possibilité de parler à qui que ce soit, ne pouvant faire que regarder les autres prisonniers en profiter. Parfois, il en voyait certains rire, se raconter leur vie. C'était sûrement ceux qui n'avaient commis qu'un délit mineur et qui étaient les victimes plus que les bourreaux dans cette prison. Ils se rejoignaient et discutaient pour tenter d'oublier la situation dans laquelle ils s'étaient fourrée, regrettant amèrement de ne pas avoir écouté leur maman quand ils étaient petits.

Aujourd'hui, Lincoln se disait la même chose. Pas le "j'aurais dû écouter ma mère", mais qu'il était ici pour pas grand-chose - pour rien en réalité - et qu'il adorerait faire partie de ceux qui profitaient de la sortie pour se changer les idées grâce à des discussions animées. Car même à Fox River, ils n'étaient pas tous des monstres... La preuve, Lincoln se trouvait dans le couloir de la mort alors qu'il était innocent !

Arrivant un peu en retard à la chapelle - le médecin avait voulu le voir - Lincoln alla s'asseoir devant, aux côtés d'un homme qui semblait happé par ce que disait le curé. La plupart des détenus, bien que Burrows soit menotté, avaient un peu peur lorsqu'il se mettait près d'eux, à cause du crime dont on l'accusait et du surnom qu'on lui donnait. Il espéra que celui-ci ne réagirait pas comme ça... Il en avait vraiment par-dessus la tête d'être pris pour un assassin. Pourvu que Veronica lui donne un coup de main...

(Aucun problème)

Jim se retourna et sursauta légèrement quand il reconnut Lincoln, mais il se resaisit. Ce n'était pas parce qu'il n'avait plus rien à perdre qu'il était plus dangereux que n'importe qui dans cette prison. De plus, Burrows était menotté.
Ayant été étudiant en droits, Raven avait suivi l'affaire Lincoln Burrows dans les journaux. Il ne croyait pas en sa culpabilité, mais il ignorait pourquoi. La victime étant le frère de la vice-présidente, le tribunal lui avait peut-être semblé trop partial, il n'en savait rien. Tout ce qu'il savait, c'était que "le Déluge", comme tout le monde l'appelait à Fox River, passait sur la chaise dans un mois. Le jeune homme le plaignait, ça devait être horrible de passer ses derniers jours sur terre en prison, coupé du reste du monde, de tous ceux qu'on aime.
Tout en écoutant le prêtre, Jim observait Lincoln, discrètement. Le jeune homme avait un sens aigu de l'observation et une très bonne mémoire, il remarqua que son voisin de banc avait quelques petits airs de ressemblance avec Michael. Il hésita à poser la question, mais ne le fit pas, il ne voulait pas paraître trop indiscret.
Comme il voulait se faire un maximum d'ami, Jim chercha un moyen d'entamer une discussion avec le détenu. Pour finir, il dit simplement:
"Salut. J'm'appelle Jim Parker."

Lincoln remarqua que l'homme à côté duquel il s'était assis avait eu un léger sursaut en le reconnaissant. Mais contrairement aux autres, il sembla changer de comportement presque aussitôt, et eut un air qui sembla coupable. Apparemment, il n'avait pas voulu réagir de cette manière, comme si ça avait été plus fort que lui.
Il y eut quelques secondes de silence pendant que le prêtre tournait des pages de la Bible, afin de lire une autre partie aux détenus présents pour la messe. Puis il reprit et Lincoln se concentra sur le texte, sans montrer aucun intérêt pour le prisonnier à côté de lui. Non pas qu'il était "asocial", mais il fallait dire que sa situation de meurtrier l'avait rendu beaucoup plus froid qu'il ne l'avait été. Aussi, si l'on n'engageait pas la conversation avec lui, il ne le faisait pas non plus... Ce ne serait plus jamais lui qui ferait le premier pas pour quoi que ce soit.

*Sauf pour Veronica* songea-t-il en baissant la tête, ses yeux semblant regarder ses menottes - mais ils étaient en réalité plongés dans le vide. *Je l'aime toujours, il n'y a aucun doute là-dessus. J'aimerais tellement qu'elle me croie...*

Son voisin se présenta comme Jim Parker, sans que Lincoln s'y en attende. D'habitude on le fuyait, on ne lui parlait pas. Il releva la tête et le regarda, puis répondit, toujours étonné :

- Je ne sais pas si je dois me présenter, tout le monde me connaît ici... Mais au cas où : Lincoln Burrows.

Après tout, il n'avait jamais vu ce Jim auparavant, cela pouvait très bien être un bleu venant tout juste d'arriver et ne regardant jamais les infos...

"Oui, je sais. Avant d'arriver ici, je regardais les infos."
Jim regarda Lincoln plus attentivement. Il n'y avait presque aucun doute possible, Burrows devait faire partie de la famille de Michael. Il ne savait s'il devait lui poser la question ou s'il ne le devait pas. "Le Déluge" avait paru étonné quand le jeune homme s'était présenté. Raven songea que le détenu n'avait pas l'habitude qu'un autre prisonnier cherche à avoir une conversation. Vu la réputation qu'il avait, ça semblait normal. Le jeune rockeur se plongea un moment dans ses propres souvenirs, il essaya de penser à des moments de délire totale qu'il avait eu avant d'être incarcéré, quand la seule chose qu'il avait à faire c'était de vivre la vie qu'il avait choisie et d'être heureux avec ses amis du groupe et sa soeur. Il se souvint d'un concert où il avait tellement fait le clown qu'il avait glissé et qu'il était tombé en avant, sur un des emplis. Il s'était relevé en chantant et, à la fin, il avait éclaté de rire et avait dit: "On dirait que je ne suis pas fait pour les acrobaties." Son public s'était lui aussi mis à rire. Puis le concert s'était terminé sans autre incident. Après la fin de la représentation, Johnny avait dû l'amener à l'hôpital, tellement le chanteur avait eu mal. Mais, le lendemain, Nighting Ravens avait redonné un concert et Raven s'était encore plus déchaîné, tout en évitant de se retrouver par terre.
Jim sourit intérieurement à ce souvenir. Puis, il voulut sortir la photo de Cassie de sa poche, mais il se rendit compte que son persécuteur ne la lui avait pas rendue. Il regarda un peu autour de lui et aperçut son persécuteur juste derrière lui. Ce dernier sourit à sa victime et lui chuchota à l'oreille, tout en lui montrant la photo en question:
"Alors, comme ça, on vient demander pardon au Seigneur, beauté ? J'ai comme l'impression que, lors de notre dernière entrevue, tu as oublié quelque chose, je me trompe ?"
Jim essaya de lui reprendre la photo, mais le détenu fut trop rapide. Ce dernier avait un sourire sadique et se mit à caresser les cheveux de sa victime.
"Non, non, mon joli. C'est pas comme ça que ça marche avec moi, tu le sais bien. Tu sais aussi ce que j'attends de toi, n'est-ce pas ?"
"Rendez-la-moi, s'il vous plaît." répondit le jeune homme en murmurant.
Le pédophile se pencha discrètement vers l'oreille du chanteur, la lui lécha et lui murmura:
"Viens dans ma cellule après cette messe, laisse-toi faire et il y a une chance que j'accepte de te la rendre, mon mignon. Eh, si jamais Scofield débarque, tu ne reverras jamais ta jolie photo, OK ?"
En disant cela, Bill se mit à lui caresser la nuque et la carotide avec sa tendresse habituelle, comme pour se mettre en appétit. Au bout d'un moment, Jim, complètement paniqué, demanda à voix basse pour que seul son persécuteur l'entende.
"Pourquoi faîtes-vous ça ? Pourquoi toute cette torture ?"
L'homme ricana doucement, approcha sa bouche de la gorge de Jim et y déposa un tendre baiser. Le rockeur frémit à peine, il ferma les yeux.
Pour te rendre la suite plus facile, petit. Pour attendrir un peu ta carapace, pour te rendre un peu moins farouche, ma beauté. En plus, ça ravive mon désir. Rappelle-toi que tant que tu es ici, tu es à ma merci et que tant que je n'aurai pas obtenu ce que je veux de toi, je ne te lâcherai pas. Tout à l'heure, dans ma cellule, tu te souviendras bien ?"
Puis, il se leva et partit, la photo de Cassie dans la main.
Le jeune rockeur se réintéressa à son voisin de banc. Il se décida enfin à lui demander, à voix basse:
"Dis-moi, tu.. enfin vous... êtes de la famille de Michael Scofield ?"
Raven ne savait pas s'il pouvait tutoyer Lincoln ou non. On lui avait toujours appris à vousoyer les adultes qu'il ne connaissait pas ou peu.

Lincoln conclut que Jim ne devait pas être ici depuis bien longtemps puisqu'il lui avoua avoir regardé les infos, d'où le fait qu'il connaisse de quoi Burrows était accusé, et ce qui l'attendait dans quelques mois à peine... En un sens, il fut presque... content de savoir ça : Parker était peut-être un psychopathe endurci, mais Linc ne se trompait que rarement lorsqu'il jugeait des gens, et il avait la nette impression que son compagnon de messe n'était pas des plus violents et manipulateurs. Il suffisait de voir qui se trouvait derrière lui en cet instant-même : l'un des pires détenus de tout Fox River, réputé pour être manipulateur et dont tout le monde connaissait très bien les crimes : la pédophilie, et de nombreux meurtres sur des adolescents... Comment pouvait-on faire une choses pareille ? Comment des personnes, à la base des êtres humains, pouvaient-ils s'avérer être de tels monstres ? Quelquefois, les gens tout simplement dégoûtaient Lincoln. Même s'il ne leur en voulait pas de le croire coupable du meurtre de Terrence Steadman ; lutter contre une vidéo surveillance était quasi-impossible. C'était la raison pour laquelle il se trouvait assis sur le banc de la chapelle de cette prison d'ailleurs...

Réfléchissant à tout ça, Lincoln ne s'aperçut pas tout de suite du petit manège qui était en train de se passer sous son nez entre Jim Parker et le fameux "monstre" du pénitencier - l'un d'entre eux tout du moins... Ce fut les caresses qui suivirent leurs murmures imperceptibles pour la plupart qui lui mit la puce à l'oreille. Jim avait l'air ennuyé mais semblait supporter ce que lui faisait subir l'autre détenu. Serait-il victime de chantage ou autre ? Lincoln ne pouvait pas se mêler des affaires des autres, de toute manière il n'avait aucun moyen d'agir pour arranger les choses même s'il le voulait : sa situation de condamné à mort le coupait carrément des autres prisonniers. Mais il pourrait en parler à Michael la prochaine fois qu'il le verrait : il avait l'air de bien se débrouiller et d'avoir tout son plan en main... Il serait certainement capable de sortir quelqu'un de l'ennui.

Après une dernière "léchouille" dégoûtante, l'homme se leva et quitta la chapelle de sa démarche nonchalante. Lincoln remarqua une photo dans sa main. Cela serait-il l'objet du chantage en question... ? Alors qu'il allait le demander à Jim sans paraître trop curieux ni concerné, ce dernier l'interrogea en premier.

*Ca se voit tant que ça ? Où une personne lui en a parlé ?* songea-t-il en fronçant légèrement les sourcils.

- Effectivement, oui, répondit Burrows de façon évasive, montrant clairement qu'il s'apprêtait à changer de sujet.

Ce qu'il fit la seconde suivante. Il se tourna vers Jim et plongea son regard dans le sien.

- Est-ce qu'il est en train de vous menacer ? J'ai cru comprendre que vous n'appréciez pas tant que ça les... avances qu'il vous fait. Que se passe-t-il ?

Ok, c'était plutôt direct, mais si Jim avait envie de se sortir de là, il n'hésiterait sûrement pas à tout révéler à Lincoln. N'importe quelle aide était la bienvenue de ce genre de situation...

Vous pouvez me tutoyer, vous savez. Vous seriez bien le seul détenu à me vousoyer.
La question de Lincoln surprit un peu Jim, car d'habitude, les autres détenus ne se souciaient pas de ce qu'il lui arrivait. Jusqu'à présent, seul Michael et Marine lui avaient témoigné un peu d'amitié. Le jeune rockeur avait peur en pensant à ce que son persécuteur lui avait dit. La photo qu'il lui avait volée était ce qui aidait Raven à continuer de supporter les coups durs. Si son persécuteur ne lui rendait pas cette photo rapidement, le jeune homme sentait qu'il deviendrait cinglé en moins de deux.
Mais ce que lui demandait Bill lui semblait au-dessus de ses forces. Supporter une telle chose sans résister et laisser le pédophile faire ce qu’il voulait de lui, lui faisait extrêmement peur. Comme d’habitude, il ne savait pas comment se sortir de ce pétrin. Il doutait que Lincoln puisse lui-même l’aider, mais si ce dernier était de la famille de Michael, il pouvait le prévenir. Il décida de tout lui raconter depuis sa rencontre avec son persécuteur.
« Il ne me lâche pas une seconde depuis qu’il m’a vu pour la première fois. Et quand c’est pas lui, c’est T-Bag qui me persécute. »commença-t-il en baissant les yeux.
Et il raconta tout à Linc’. Tout, vraiment tout, dans les moindres détails.
Sa voix se faisait de plus en plus étouffée, jusqu’à n’être plus qu’un murmure. À ce moment-là, le jeune rockeur se mit à pleurer.

[J'espère que tu ne m'en veux pas pour le retard : période d'exam ! Je suis en vacances cette semaine donc ça ira pour les réponses ^^]

Jim demanda à Lincoln de le tutoyer, ce que Lincoln ne trouva pas si étrange... Il était vrai que la plupart des détenus ne se vouvoyaient pas, mais c'était plus par "défi" que par envie de se faire des amis. Ca le faisait moins de s'envoyer des insultes en disant "vous"... Lincoln sourit en imaginant cette scène, puis se reprit très vite. Il observa Jim, se rendant compte que ce dernier avait l'air légèrement étonné que Burrows se soucie de ses affaires. Contrairement à ce qu'il aurait pu penser, le rockeur ne prit pas la mouche et décida de lui raconter une part de son problème, avant de tout lâcher.

*T-Bag... Décidément celui-là ne s'arrêtera jamais... S'ils pouvaient le coller en isolement pour le restant de ses jours je pense que ça sauverait pas mal de vies, mais bien entendu tout le monde en a peur, même les gardiens...*

Lincoln, son regard posé sur Jim alors qu'il lui racontait l'histoire entière, aperçut bientôt quelques larmes sur son visage, des larmes qui se faisaient de plus en plus fréquentes... Linc n'avait jamais été très doué pour les démonstrations d'affection, c'était déjà quelque chose de rare entre deux hommes, alors dans un tel contexte... Tout ce qu'il pu trouver afin de réconforter le détenu fut ceci :

- Je suis désolé de ce qui se passe. Je comprends à quel point cela peut être difficile pour toi... Tu comprends que je ne te serais pas d'une grande aide à cause de mon isolement. Mais j'en parlerais à Michael et je tenterais d'en discuter aussi avec un gardien que je connais plutôt bien. Quoi qu'il en soit je ferais tout mon possible.

Et les conseils ? Lincoln ne pouvait pas en rester là... Des promesses, même tenues, ne lui seraient pas si utiles !

- Il ne faut pas te laisser faire. Je sais que ça peut paraître absurde de te dire cela alors qu'il pourrait t'envoyer à l'infirmerie juste en claquant des doigts, mais si tu montres que tu es capable de te défendre peut-être qu'il relâchera un peu la pression et choisira une cible plus...facile.

Il se tut, espérant que Jim se reprenne. Il ne voulait pas que certains autres prisonniers présents à la chapelle voient ce qui était en train de se passer et en profitent par la suite.

*Il faut que je parle à Michael, je dois absolument aider Jim, ce qu'il vit est inhumain...*

(Aucun problèmes)
"Merci."
Jim écouta ce que lui disait Linc' et se calma un peu. Son compagnon de messe avait raison, il fallait que le jeune rockeur résiste et montre qu'il n'était pas un faible, qu'il pouvait se défendre. Pas seulement pour sa sécurité personelle, mais aussi pour sa soeur, pour qu'elle ne le prenne pas pour un lâche, pour qu'elle continue à le considérer comme un modèle. Mais, le jeune homme ne pouvait pas s'empêcher de penser à la photo. Le chantage qu'exerçait sur lui son persécuteur était tout à fait immonde. Jim se remémora le jour où cette photo avait été prise. C'était six avant son incarcération, Valentina, Cassie, ses amis du groupe et lui, étaient en vacances en Finlande, à Mäntyluoto. C'était en plein mois de novembre et il faisait relativement chaud pour la saison. Ce matin-là, Jim avait emmené sa petite soeur assister à un lever de soleil sur la Mer Baltique. Un spectacle magnifique, qui avait ravi Cassie. Le sourire qu'elle avait eu avait tellement charmé son frère qu'il l'avait pris en photo.
Sortant de ses agréables souvenirs, le jeune rockeur se rendit compte qu'il ne croyait pas avoir le courage de résister à Bill. Il n'avait plus aucun courage.
"Oui, tu as raison. Mais... le truc, c'est que... je n'ai plus le moindre courage depuis que je suis ici. Je ne sais pas si je pourrai."
Ce sujet commençant à le tourmenter affreusement, il décida d'essayer de penser à Cassie. Il fallait qu'elle vienne le voir, le plus vite possible. Il allait l'appeler en sortant de cette messe.

Un simple "Merci" sincère fit presque frissonner Lincoln. Ca faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas entendu un tel mot dans cet endroit ! La plupart des "merci" sonnaient faux et hypocrites, comme quand on amenait à manger à Linc. Oui, il remerciait vraiment les gardiens, mais pas de cette manière qu'avait employée Jim. Pourquoi se montrer poli envers des employés de la prison qui le méprisaient ? En même temps, il ne pouvait pas vraiment les blâmer de leur réaction : pour eux, ils apportaient de la nourriture à un assassin. Seul Lincoln savait qu'il était innocent, et éventuellement Michael...

*Non pas éventuellement. Michael sait que tu n'as pas tué Steadman, sinon il ne serait pas là en ce moment, à se mettre en danger pour te sortir de cette foutue chaise électrique !*

Jim sembla ensuite plongé dans ses souvenirs, et un fin sourire dont il n'était certainement pas conscient se dessina sur son visage. Il devait repenser à quelque chose d'heureux... Il avait au moins une chose à laquelle il pouvait se raccrocher lorsque tout allait mal.

Le rockeur lui avoua ensuite ne plus avoir de force ni de courage pour se battre et montrer de la résistance envers ses persécuteurs. Pourtant il le faudrait bien, sinon ils en profiteraient et se serait pire... Lincoln aurait aimé lui dire cela pour le booster un peu, mais il se rendit compte que ça l'alarmerait probablement plus qu'autre chose. Aussi se décida-t-il de s'y prendre autrement.

- Tu dois penser à ta soeur, tu dois te battre pour elle. Si tu laisses tomber tu auras beaucoup plus de mal à te sortir de ce mauvais pas, et qu'en penserait ta soeur ? Je ne la connais pas, mais au vu de vos liens je pense qu'elle souffrirait de te savoir dans une telle situation. Et je me doute que tu ne veux pas la faire souffrir. Si tu n'as plus le courage de te défendre pour toi, alors défends-toi pour elle.

Lincoln s'étonna lui-même de tenir de tels propos. D'habitude il se contentait d'être neutre, mais ça faisait longtemps qu'il n'avait pas eu à aider une personne. Finalement, son coeur ne s'était pas refermé autant qu'il l'aurait pensé...

Jim écouta ce que lui dit Linc et acquièsça. Le Déluge avait totalement raison. S'il ne se défendait pas pour lui, il fallait qu'il le fasse pour Cassie. C'était son devoir de grand frère, de protecteur et de meilleur ami. Il allait se battre, même s'il risquait de finir à l'infirmerie. Le père de Johnny lui avait dit, le soir de l'enterrement de ses parents, quand le jeune homme avait exprimé le vague souhait de rejoindre sa famille dans l'au-delà: "Je comprends ce que tu ressens, Jim. Mais, ta soeur a besoin de toi, maintenant. Tu ne peux pas non plus faire ça à tes amis. Tu les aimes, n'est-ce pas ?". Jim, en larmes, lui avait répondu: "Bien sûr que je les aimes, je les aimes plus que tout au monde.". L'homme lui avait répliqué: "Alors, mon jeune ami, tu vas continuer de le faire. Tu vas devoir te battre, mais tu vas réussir. Tu sais pourquoi ? Parce que tu as des amis, une soeur et une tante qui te soutiendront dans tes problèmes."
Ces paroles lui avaient toujours donné du courage, mais là, c'était plutôt de la motivation que du courage.
"Tu as certainement raison."
Le sujet "persécuteur devenant un peu trop stressant, Jim décida de changer de sujet:
"T'es déjà allé en Finlande ?"

Lincoln observa la réaction de son interlocuteur, craignant un minimum qu'il prenne mal le conseil qu'il venait de lui donner. Après tout, cette histoire ne le regardait pas, et même si Jim avait volontairement expliqué tout ce qu'il s'était passé entre lui et son persécuteur, il était en droit de trouver les propos de Lincoln un peu trop "engagés". Linc savait que certains auraient mal réagi, pensant que la personne en face les prenait pour des faibles. Mais il n'avait pas du tout ce point de vue par rapport à Jim : il ne le pensait pas faible, bien au contraire, juste un peu déboussolé et ayant simplement besoin d'un coup de pouce pour se reprendre.
Le détenu sembla réfléchir aux propos de Burrows puis finit par acquiescer et dire qu'il avait raison... Bien, au moins il avait été ramené à la réalité et allait finalement se battre. Lincoln était déjà un minimum rassuré : si on l'ennuyait encore il ne se laisserait pas faire.
Puis Jim décida de changer de sujet et posa une question à laquelle le Déluge ne s'attendait guère.

- Non, répondit-il en souriant. Mais j'avoue que ce pays m'aurait bien plu. J'ai toujours voulu voyager, voir tous les pays du monde. J'ai entendu dire que la Finlande était un très beau pays et très chaleureux par-dessus le marché.

Lincoln se tut juste une seconde puis reprit en fronçant légèrement les sourcils, un semblant de sourire aux lèvres :

- Si tu me demandes ça, c'est sûrement parce que toi tu connais, non ? Alors, est-ce que ma théorie s'est vérifiée pour toi ?

Jim sourit à la remarque de Lincoln. Lui, il connaissait très bien la Finlande, car tout le temps qu'il ne passait pas à Chicago, il le passait en Finlande, le pays d'origine de sa mère. Helsinki avait toujours sa ville préférée.
"Ma mère était Finlandaise et mon père a toujours beaucoup aimé ce pays. Il s'est marié là-bas et y a passé cinq ans de sa vie, avant de revenir avec toute sa famille, à Chicago. Aussi loin que remontent mes souvenirs, tout le temps qu'on ne passait pas en Illinois, on le passait soit à Helsinki, à Espoo ou à Mäntyluoto. C'est un pays magnifique et les habitants sont très accueillants. Et chaleureux avec ça. En Finlande, beaucoup de gens se tutoient avant même de se connaître. Et quand on y va, il y a une chose qu'il ne faut rater pour rien au monde: les aurores boréales. Et à Mäntyluoto, si on se réveille assez tôt, on peut assister à de magnifiques lever de soleil."
Le jeune homme se perdit un peu dans ses souvenirs Finlandais, puis revint un peu à la réalité:
"Le seul problème, c'est la langue. Elle peut être difficile à prononcer."
Jim eut un petit sourire en pensant au finnois.

Lincoln écouta Jim raconter un petit morceau de son histoire personnelle : ses parents, les endroits qu'ils aimaient et où ils passaient d'agréables moments ensemble, et surtout la façon dont les habitants se comportaient. Apparemment, ce que Linc avait entendu par rapport à ce pays était tout à fait vrai, car son interlocuteur le confirma avec un réel enthousiasme. Il avait du adorer tous ces instants en Finlande... Jim sembla se plonger quelques secondes dans d'autres de ses souvenirs, probablement dans ce pays si lointain mais si présent dans son esprit. Cela faisait du bien au condamné d'avoir une conversation banale pour une fois : il ne pensait plus trop à ses problèmes et se contentait d'échanger des avis, des idées...

- La langue... Mon dieu, oui ! J'ai tenté quelques fois, et puis j'ai déjà entendu du Finlandais que, bien entendu, j'ai essayé de répéter. Mais sans succès ! ajouta-t-il avec un sourire. Ca peut être moi qui ne suis pas doué en langues, mais quelque chose me dit que ce n'est pas le plus facile des langages non plus... Tu le parles un peu ? Ou couramment même ?

Jim sourit à la remarque de Linc'. Le finnois était loin d'être la langue la plus facile à prononcer, si on ne l'apprends pas étant enfant, comme ça avait été le cas de Jim. C'était une langue un peu rocailleuse, mais le jeune homme l'adorait. Une fois qu'on savait comment la prononcer, on savait à peu près tout. Bon, après, il restait à apprendre l'ilatif, l'essif, le partitif, l'inessif,etc...et c'était loin d'être facile.
Raven se souvint de la première qu'il avait parlé finnois en Finlande, il devait avoir à peu près six ans. Sa mère avait ri de son accent.
Sortant de ses pensées, le jeune homme répondit:
"Kyllä, puhun vain vähän suomea."
Qu'il traduisit ensuite:
"Oui, je parle un peu finnois."

Observant Jim et l'écoutant dire une phrase en finnois - dont il ne comprenait bien évidemment rien - Lincoln sut que ce pays devait énormément lui manquer. D'accord, il l'avait deviné depuis quelques minutes déjà, mais là il en fut parfaitement certain : la façon dont ses yeux brillaient lorsqu'il prononça ces quelques mots le lui prouva.

*Je suppose qu'il donnerait n'importe quoi pour y retourner... Comme je le comprends !*

Lincoln rit vraiment pour la première fois depuis de nombreux jours. Il le fit discrètement bien sûr, pour que personne à part Jim ne prenne conscience que ces deux-là n'écoutaient plus la messe.
Il s'apprêta à demander ce que cela voulait dire lorsque son interlocuteur traduisit. Enfin, du moins le supposait-il. Linc ne pensait pas que Jim soit le genre à l'insulter en finnois pour ensuite lui faire un beau sourire hypocrite.

- Je t'envie, tu sais ! Je n'ai aucune notion de finnois mais j'ai l'impression que tu as un bon accent ! Vu ce que tu m'as raconté ce n'est pas étonnant, tu as du l'apprendre jeune. Est-ce que tu as déjà été dans d'autres pays ? interrogea Linc, curieux d'en savoir plus sur Jim et avide de continuer leur discussion.

Jim rit en même temps que Lincoln, mais discrètement. Il aimait ce genre de conversation où il pouvait vanter les mérites de son véritable pays d'origine. Il aimait la Finlande, il aimait le finnois, il aimait les Finlandais. Et puis, là-bas, il n'y avait pas la peine de mort, à laquelle Jim était fermement opposé.
Lincoln lui posa encore une question sur sa vie. Le rockeur réfléchit et répondit:
"Oui, ma mère m'a, un jour, emmené en Suisse, à Lausanne. C'est une très jolie ville, au bord du lac Léman. Et puis, je suis aussi allé à Paris, une fois. Mais, à part ça, je ne connais, hors des Etats-Unis, que la Finlande."
Il se mit à penser à Helsinki, à Espoo, à Mäntyluoto, à Turku, à Tampere. Toutes des villes supers, avec des habitants chaleureux et accueillants.
Il sortit de ses pensées et demanda à son interlocuteur:
"Et toi ? Tu as déjà été dans d'autres pays ?"

Jim ne cessait de sembler admiratif devant la Finlande, et Lincoln se rendit compte d'une autre chose à laquelle il n'avait jamais songé jusqu'à présent : lui-même n'avait aucun attachement pour un autre pays. Il n'avait aucun attachement pour un quelconque endroit d'ailleurs. Tout d'abord, ça ne fit que l'ennuyer, puis ce sentiment finit par se transformer en...regret. Même la maison où il avait grandi ne pouvait pas être un point de repère pour lui. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu'il n'avait grandi dans aucune maison, mais dans différents foyers d'accueil. Et dans la rue.

Jim lui fit oublier les quelques mauvais souvenirs qui remontaient en lui en répondant à sa question. La Suisse ? La France ? Oui, il avait vu des reportages à la télé, des photos... Mais il n'avait malheureusement jamais quitté l'enceinte de l'Amérique. Vivre en foyer d'accueil l'avait justement empêché de partir en vacances dans des pays étrangers. Chose qu'il aurait adoré.

- Non, répondit-il lorsque Jim lui retourna la question. Je ne suis jamais sorti des USA, même si ce n'est pas faute de l'avoir voulu. Comment c'est la France ? J'ai vu pas mal de choses sur Paris, et elle a la réputation d'être la ville romantique par excellence. C'est vrai ?

Jim réfléchit à la question de Lincoln. Il avait 12 ans quand il était allé à Paris. Il ne s'en souvenait plus très bien. La Tour Eiffel, l'Arc de Triomphe,le Louvres, etc...
Dans son souvenir, il n'avat pas jugé Paris si romantique que ça. Mais bon, à 12 ans, il avait le romantisme d'une cuillière à café.
" Pas dans mon souvenir, en tous cas. Mais, faut dire que j'avais 12 ans quand j'suis allé là-bas. J'étais pas très romantique à 12 ans, si ma mémoire est bonne."
Il eut un sourire à sa propre réflexion. Le fait de parler d'autre chose lui faisait oublier ses propres problèmes. Il aimait parler de sa vie avant l'accident.

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